Bensh – Tenue de suicide vivement conseillée – Aphorismes

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C’est avec la Création que nos ennuis ont commencé. Dans l’inconcevable avant de ce bigbang vital, matière, temps, espace, événement, action, et jusqu’à ce paradigme vie/mort qui obsède les plus insouciants d’entre nous, toutes ces choses qui polluent notre ataraxie n’existaient pas. Ah ! Ne pas être, quelle liberté ! Mais en même temps, quelle claustration ! Alors que faire ?

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Description

C’est avec la Création que nos ennuis ont commencé. Dans l’inconcevable avant de ce bigbang vital, matière, temps, espace, événement, action, et jusqu’à ce paradigme vie/mort qui obsède les plus insouciants d’entre nous, toutes ces choses qui polluent notre ataraxie n’existaient pas. Ah ! Ne pas être, quelle liberté ! Mais en même temps, quelle claustration ! Alors que faire ?
Le désir suicidaire constitue une tentative de se replacer au moment paradoxal du choix d’avant l’être, d’avant le oui inaugural du cursus existentiel.
Dès lors, ces entêtantes apparences qui tendent à faire accroire que le suicidaire est un désespéré de la vie, un ombrageux de la psyché prenant son nombril pour son avenir et son malheur pour un miroir ne sont pas tout à fait sérieuses, -et ce serait bien mal le connaître. Un peu comme un amoureux éconduit – son Père ne l’a-t-il pas chassé du Paradis ? –, et sous les habits de paresseux de l’existence et de dilettante du quotidien, le suicidaire est un fervent de la vie (dont aucun domaine n’est étranger à sa curiosité), un passionné de l’esthétique, un inconditionnel de Dieu, un défenseur ultime de tout ce qui a conscience.
Et c’est surtout lorsque l’idée de suicide n’a pas d’objet particulier, comme un roboratif chagrin d’amour ou la perte subreptice d’une fortune, que son appétence revêt la forme pure d’une quête de l’Origine, de la Matrice, de l’Absolu.
Cette quête ne vaut-elle pas un petit massacre ?
A l’aune donc de son impuissance à penser l’impensable, cette forme désespérée de l’humour s’absorbe en attendant dans l’exercice littéraire, ce plus plaisant des chemins qui mènent à nous-mêmes, et dans des aphorismes aussi variés qu’ornementaux provoquant tantôt la consternation tantôt l’amusement, car au fond, « c’est bien l’horreur de la mort qui nous inspire l’envie de nous tuer ».
Bensh est né à Paris en 1962. Il publie ici son premier recueil d’aphorismes.